Aujourd'hui, Elodie, partage avec Nous son Parcours pour devenir Maman. Bébé né un peu trop tôt, elle nous raconte tout ce qu'elle a sur le coeur.
Quand on passe par 2 ans et demi d'essai bébé et un parcours en PMA pour tomber enceinte, on se dit qu'on a fait le plus dur lorsque notre miracle s'installe.
Pourtant, j'étais loin d'imaginer que tout n'allait pas se passer comme prévu…
Premier essai !
Fin octobre 2020, nous apprenons que notre insémination a fonctionné.
Nous mesurons la chance que c'est alors qu'il n'y a que 20% de réussite lors du premier essai.
La fin du premier trimestre approche et l'écho de T1 nous ravi. Notre petite turtle, comme nous avions décidé de l'appeler, évolue bien.
Pour cette première grossesse on décide de ne pas découvrir le sexe, bien que le papa apprend toutes les techniques pour deviner. Les mois passent et se ressemblent. Ne travaillant pas, je profite de chaque moment sans me mettre de pression et en évitant la fatigue jusqu'à la fin de mon second trimestre.
Mon rendez-vous du cinquième mois se finit et ma gynécologue m'annonce que je peux envisager de partir en vacances en France sans problème, du moment que j'embarque mon dossier médical.
Soulagement, car avec ce Covid nous avions besoin de prendre l'air.
Nous programmons de partir fin mai/mi juin maximum car le terme étant prévu fin juillet on ne veut pas jouer avec le feu.
Puis, le mois d'Avril
Arrive le mois d'avril, le moment où le ciel nous tombe sous la tête.
Une semaine après mon rendez-vous, j'ai de gros saignement.
Je ne suis qu'à 24SA+4. Je pense perdre le bébé.
On part direction les urgences maternité.
J'appelle sur le chemin, comme pour un besoin de me rassurer, mais surtout je ne veux pas montrer que je panique à mon chéri car il conduit. Arrivée sur place je suis prise en charge immédiatement.
Protocole Covid oblige, il m'attend dehors. Je me retrouve seule avec mes pensées. Comme si elle pouvait lire en moi, ma sage-femme est extraordinaire.
Elle me fait écouter bébé. Tout va bien. Il est en vie.
Elle m'examine et m'annonce qu'on va devoir faire rentrer le papa.
Je suis en MAP (menace d'Accouchement Prématuré). Abasourdie, j'ai l'impression de commencer à vivre la scène de l'extérieur, comme si je regardais une série. On nous annonce qu'on part en salle de travail car bébé peut arriver à tout moment et je dois voir le gynécologue et le pédiatre de garde.
C'est une scène surréaliste sur le moment. Tous les deux nous parlent, nous expliquent milles choses. On est inondés d'informations et on est perdus. On nous demande si on veut savoir le sexe. J'avoue qu'à ce moment là c'est la seule chose qui peut nous aider à s'accrocher. C'est une petite fille.
On rigole, on avait prévu qu'un prénom de fille toute façon !
Ils nous laissent quelques heures de repos, tout en étant surveillée de près, et on essaie tant bien que mal d'encaisser la situation. Notre merveille peut arriver à tout moment mais on espère secrètement qu'elle tienne au maximum.
Le lendemain, je rencontre une Puéricultrice que je connais et qui travaille en soin intensif/réanimation néonatalogie, le service où ma fille irait si elle arrive. Elle m'explique plein de chose, je suis beaucoup dans le contrôle et j'ai besoin de savoir. Elle me rassure comme elle peut mais bon, c'est un peu une aventure avec du brouillard à perte de vue qui nous attend.
Plus rien ne bougera jusqu'au samedi suivant.
On commence à espérer, gagner des semaines voir un mois supplémentaire pour sortir de cette extrême prématurité. Le samedi on rentre à la maison avec pour consigne un alitement le plus possible. J'apprends au passage que j'ai attrapé une infection. Voilà pourquoi tout ceci arrive. Je n'y comprends rien, je fais attention pourtant… En stoppant l'infection et en étant au repos on peut gagner du temps !
Le cap des 25SA est aussi passé, première grosse étape. Il faut savoir qu'en France, un bébé est viable et donc pris en charge par les médecins à partir de 24SA.
Le Samedi soir
Le samedi soir, les contractions de travail sont là. Je rappelle la maternité, on me fait revenir. Je suis immédiatement repris en charge. On m'ausculte. On me garde. C'est l'heure des changements d'équipe. Je retrouve ma sage-femme du mardi et mon gynécologue de garde.
Je suis plus sereine, je connais les risques, je sais ce qui se passera si notre turtle devait arriver maintenant. On m'annonce que l'infection continue de gagner terrain et qu'on va surveiller mais laisser faire la nature. On me pose alors la péridurale (1h pour réussir à me la mettre…) et on attend.
24h plus tard je sais que c'est pour maintenant.
Tout le monde débarque dans la salle avec la décision à prendre… Sortir bébé maintenant ou attendre 4h pour gagner un petit jour de plus.
Avec le risque d'infection, on décide de la faire sortir. En 15 minutes elle est là. Par chance j'ai pu accoucher par voie basse.
Ma sage-femme me pose ma fille. Elle est en vie mais a besoin de soin. Après un bisous elle l'amène en réa bébé.
Puis vient l'attente. 1h pour le papa. 2h pour moi. Il m'appelle en Visio pour me la montrer. Elle est si petite dans sa couveuse. 760g pour 33cm. Je m'effondre en pleurs.
Pourquoi. Pourquoi moi. Pourquoi me faire subir tout ça.
C’est là que je commence à réaliser ce qui se passe. Le temps des questions va rester présent un bon moment. On l'annonce aux familles sans rentrer dans le détail du poids et des photos. On ne veut effrayer personne.
Dans une Bulle
On rentre alors dans une bulle et une routine qui va s'installer pour 97 jours.
97 jours c'est le temps qu'elle aura passer en Néonatalogie.
C'est le nombre de jours où j'ai prié, fait du peau à peau constamment, surveillé les bips, les machines, paniqué lors de ses ralentissement cardiaques, parlé avec les docteurs de séquelles éventuelles, chanté des berceuses, pleuré en voyant des parents perdre leurs enfants, vu une psychologue, vécu un transfert.
Mais c'est aussi 97 jours où j'ai créé du lien avec ma fille, où je l'ai serré fort contre moi, où je lui ai raconté son histoire, où je lui ai donné toute la force de guerrière qu'elle a aujourd'hui, où j'ai été épaulé par des équipes formidables, où j'ai pu lui raconter toutes les personnes qui ont pensé à elle et où j'ai pu écrire. Écrire, le meilleur des remèdes pour moi.
Elle est sortie le 17 juillet avec la satisfaction d'un parcours sans faute ! Elle a su déjouer tous les pronostics de son petit terme. Elle sort le sourire au lèvre et en dormant, peut être qu'elle rêve à cette super héros qu'elle est devenue aux yeux de beaucoup de monde.
3kg082 pour 48,3cm.
Ma Wonderwoman, ma Battante, ma Guerrière.
3 petits mois et elle en a vécu des choses.
Il ne faut jamais cesser de croire en nos enfants.
Nos peurs, nos doutes, ils ressentent tout, ce sont des éponges.
En y allant positive et motivée j'ai su lui insuffler tout ce qu'il lui fallait pour s'en sortir.
Elodie.
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